Lectures du mois: Octobre

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Pour les grands

Faillir être flingué, Céline Minard

Peu animée par la passion du western, j’ai eu beaucoup de mal à entrer dans l’épopée de Céline Minard. Et je m’aperçois très vite qu’elle tire toutes les ficelles du genre: indiens, cowboys, diligence, grands espaces et coups de feu à la volée. J’ai suivi, dans la première moitié du roman, tous ces personnages avec une certaine mollesse pareille au rythme du chariot des frères Brad et Jeff. Un peu perdue dans cet enchevêtrement d’histoires, de vies, j’ai finalement réussi à sortir de ma torpeur lorsque tous les protagonistes se retrouvent reconstituant ainsi un puzzle dont il me manquait certains morceaux. Même si je n’ai pas « adoré » ce roman, j’ai toutefois apprécié l’écriture fine et poétique de Céline Minard qui nous plonge dans la contemplation du grand ouest américain tantôt calme et apaisant tantôt sauvage et survolté.

Les lois naturelles de l’enfant, Céline Alvarez

Voilà quelques temps que je souhaitais découvrir le travail de la très médiatique et polémique Céline Alvarez. C’est chose faite! J’ai non seulement lu son ouvrage mais j’ai également parcouru son site internet https://www.celinealvarez.org. Suite à tout cela, je dois bien avouer que je ne comprends pas vraiment la frénésie qui a entouré la parution de ce livre. Certes, Céline Alvarez apparaît comme du pain béni pour les médias: elle choisit d’intégrer l’Éducation nationale afin de mener « son expérience » au sein d’une classe de maternelle puis démissionne suite au retrait du matériel pédagogique pour poursuivre ses recherches. Son nom est alors diffusé sur toutes les ondes. Élevée au rang de prof de l’année. Number one. The best of the teacher! Mais la révolution Alvarez n’en est pas une… S’inspirant des travaux de nombreux pédagogues, chercheurs et scientifiques bien connus dans le domaine de l’éducation et du développement de l’enfant, elle fait avant tout l’éloge d’une pédagogie montessorienne déjà populaire dans de nombreuses classes. De là, je comprends les instits exaspérés en entendant son nom partout dans les médias. Ces derniers la présentant comme la prof rebelle, celle qui voulait révolutionner l’école, la hussarde révoltée et décidée à réformer un système scolaire bien inadapté à nos bambins. Oui je les comprends car moi aussi à mon échelle j’ai souhaité apporter des solutions, de petites améliorations au sein de classes surchargées d’élèves surexcités, tourmentés ou parfois même violents. Mais contrairement à ce que certaines critiques peuvent prétendre, je ne pense pas que Céline Alvarez s’érige en martyre de l’Education Nationale et qu’elle jette sur les parents et les enseignants un regard méprisant. Prônant la bienveillance, elle serait quand même bien incohérente avec ses propos si elle les dénigrait. En outre, son ouvrage n’apparaît pas comme une leçon de moral. Au contraire, j’ai ressenti une réelle envie d’informer, d’instruire, de partager. D’ailleurs, sur son site, sont accessibles, gratuitement, de nombreuses vidéos sur le déroulement des activités au sein de sa classe et des conseils concernant la mise en place d’une telle pédagogie. Dans cette ouvrage, il y a des rubriques qui ont réellement frappé ma conscience. Par exemple, la rubrique « Renouer avec la nature » qui n’est pas sans nous rappeler la pauvreté de la végétation dans certaines écoles ou cours de récréation pour cause de politique sécuritaire. A quand des écoles fleuries et de vrais espaces de récréation avec de grandes pelouses et des arbres variés? Il y en a, je vous rassure, j’ai même eu le privilège de travailler dans ces  irréductibles établissements refusant le bétonnage intégral et je peux vous dire que cela change beaucoup le comportement des élèves.

« Reconnectons nos enfants avec une nature à laquelle ils appartiennent et sans laquelle leur survie serait impossible. Il est aujourd’hui indispensable que le jeune être humain puisse grandir en comprenant, sensoriellement et intuitivement, les grandes lois de notre planète, pour que, une fois adulte, il sache vivre en utilisant ses ressources naturelles de manière respectueuse et durable. »

J’ai été également ravie de voir à quel point les exercices de pleine conscience (concentration sur la respiration abdominale et attention portée sur l’environnement) peuvent être bénéfiques chez nos enfants.

« De nombreuses études montrent aujourd’hui que des exercices de ce type, s’apparentant à une approche méditative de pleine conscience, développent de manière considérable le contrôle inhibiteur des enfants et génèrent des changements remarquablement positifs dans leur vie quotidienne, tant au niveau scolaire que social. »

D’un point de vue plus professionnel (la prof ramène sa fraise!), j’ai trouvé le chapitre deux très instructif notamment sur le langage, la phonologie, la lecture, l’écriture (oui oui je sais, je ne suis pas une matheuse…) mais surtout sur notre posture à avoir face aux enfants. Cela exige un gros travail sur soi-même (en tant que professionnel mais aussi en tant que parent): qui n’a jamais eu le réflexe d’intervenir auprès d’un enfant pour qu’il fasse mieux? Bien sûr cela ne signifie pas abandonner l’enfant à son apprentissage individuel mais il s’agit là d’aider sans entraver.

Il y a pourtant certains passages dans lesquels je ne me suis pas retrouvée ou avec lesquels je n’étais pas forcément d’accord mais comme Céline Alvarez le dit elle-même:

« Que chacun se sente libre de retenir ce qui lui semble pertinent et d’oublier le reste. Dès lors que nous avons compris les lois fondamentales qui conditionnent l’épanouissement de l’enfant, faisons-nous confiance pour trouver chacun les meilleures applications pratiques selon les moyens dont nous disposons, en veillant à ne pas sombrer dans le piège du dogmatisme. Rendons-nous toujours prêts à remettre en question nos connaissances à la lumière de la pratique, de nos intuitions et des découvertes en science du développement humain. »

Voilà tout est dit (ou presque)…

Harry Potter et l’enfant maudit, J.K. Rowling, John Tiffany et Jack Thorne

Évidemment! Je ne pouvais pas terminer mes lectures sans me plonger dans le dernier opus de la saga Harry Potter! Lues et relues, les aventures du sorcier à la légendaire cicatrice me font vibrer depuis l’âge de 9 ans! A cette époque, j’avais véritablement été happée par cet univers de sortilèges, de potions ou de personnages envoûtants. A 19 ans, je refermais avec un brin de nostalgie le dernier tome de la série espérant secrètement que de nouvelles péripéties jailliraient de l’imaginaire de la british et magique J.K.Rowling. Et voilà que dix ans plus tard, j’ai la joie de tenir entre mes mains sa dernière création!

J’ai donc terminé rapidement et de manière moins assidue ma lecture des Lois naturelles de l’enfant (désolée Céline!) pour me replonger dans le monde de Poudlard.

Des premières pages, je ressens immédiatement le plaisir de retrouver certains personnages et d’en découvrir de nouveaux tout aussi attachants. Je me familiarise rapidement avec le nouveau format du livre. Le côté « pièce de théâtre » donne du dynamisme au texte et accentue l’énergie des héros. Cependant, mon exaltation retombe aussi vite qu’un soufflé hors de son four. Les didascalies ne suffisent malheureusement pas à nourrir mon appétit de lectrice passionnée. Il me manque les détails, les descriptions qui contribuaient à ancrer ce décors si particuliers dans mon imaginaire. Je ne suis pas immergée dans la fiction comme je l’étais autrefois, je reste simplement spectatrice d’une histoire peu aboutie qui se déroule bien trop vite sous mes yeux.

A cheval sur mon balai ou plutôt ma fusée, je suis, hélas, passée au dessus de cette aventure pleine d’incohérences qui trahissent davantage une envie pécuniaire qu’un réel désir de satisfaire les lecteurs. Eh oui ma critique est à la hauteur de ma frustration! L’enthousiasme de la lecture était certes bien présent mais pour ce qui est de la magie, je pense qu’elle réside davantage dans les talents de l’auteur à tirer profit de son célèbre héros. Dommage.


Pour les petits

Le bébé bonbon, Tromboline et Foulbazar, Claude Ponti

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J’ai découvert ce mois-ci la série de Tromboline et Foulbazar de Claude Ponti. Je dois l’avouer: je n’ai jamais trop aimé les albums de cet auteur (Quoi tu es maîtresse et tu n’aimes pas Claude Ponti?! Bouuuuuu). Je n’ai jamais réussi à entrer dans son imaginaire si original et si curieux. Certains albums me faisaient même un peu peur (oui, oui). Mais j’ai toujours remarqué que mes élèves adhéraient complètement à ces étranges histoires. Chaque page semblait pour eux un émerveillement, comme si Claude Ponti savait exactement répondre à leurs attentes. Alors j’ai décidé d’en faire profiter ma fille et j’ai commencé avec la série des deux poussins rigolos. Tout d’abord, le format convient parfaitement aux petites mains de la miss et il est idéal pour les voyages! Les illustrations et la narration sont simples et efficaces. J’ai proposé à ma fille l’histoire du Bébé bonbon et elle a adoré. La série de Tromboline et Foulbazar relate des situations du quotidien (le partage, les disputes, le jeu, la naissance d’un petit frère,…) et permet à l’enfant de réfléchir sur ses propres émotions. Je dois bien admettre que ces deux personnages sont très attachants et totalement adorables. Me voilà donc un peu réconciliée avec cet auteur farfelu mais pourtant incontournable dans la littérature de jeunesse.

Grigrigredinmenufretin, Paul Zleinsky (d’après Grimm)

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Il y a quelques temps, je me suis procurée cet album qui me plaisait beaucoup étant petite. Il figurait parmi mes emprunts récurrents à la bibliothèque et je ne me lassais pas de le regarder. Malgré son jeune âge, j’ai voulu le lire à ma petite m’attendant à ce qu’elle me tourne les talons au bout de deux ou trois phrases. A ma grande surprise, elle est restée près de moi et a écouté très religieusement mon histoire. Mon homme était également près de nous et semblait aussi très intéressé par ma lecture.

Un meunier voulant se faire valoir auprès du roi lui annonce que sa fille possède le don de transformer la paille en or. Aveuglé par les richesses, le roi ordonne à cette jeune femme de transformer des quantités de paille de plus en plus importantes. Or la demoiselle ne sait absolument pas comment si prendre et contemple désespérément ce qu’elle ne peut accomplir. Voilà, qu’un petit homme vient lui proposer son aide en échange de quelques cadeaux, d’abord un collier puis une bague et ensuite la promesse de se voir offrir le futur nourrisson de la jeune femme. Cette dernière promet. Devenue reine, la jeune femme met au monde un prince et voit alors le retour du petit homme réclamant son dû. Ému par les supplications de la reine, le petit homme lui propose un marché. Si elle trouve son nom, elle pourra garder son fils, dans le cas contraire elle sera dans l’obligation de tenir sa promesse.

Les illustrations de Zelinsky sont très réalistes et possèdent un je-ne-sais-quoi de mystérieux qui nous projette immédiatement dans ce conte. Elles me rappellent les peintures de Vermeer ou de Jan Van Eyck, leur clair-obscur, leur justesse et leur secret. La précision des images révèle toute la beauté du récit: les bobines d’or brillent véritablement, la peau laiteuse de la reine a quelque chose de mystique, les yeux du petit homme révèle un brin de malice.

J’ai remarqué que ce conte était également très connu en Allemagne, c’est pourquoi j’ai ajouté la couverture du conte version allemande dans ma photo.


Eh bien: lisez maintenant!

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